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Ce rendez-vous quelque part dans le temps

Chronique d'une pandémie dans les arts de la scène

Le niveau de d'inquiétude des consommateurs de divertissement est actuellement élevé. Il faudra un minimum de 4 mois avant d'atteindre un niveau de confort.

Alors que les gouvernements dévoilent et mettent en oeuvre leurs plans de déconfinement, tous les travailleurs du secteur du spectacle se posent une même question : « Lorsque nous pourrons enfin rouvrir nos salles, le public sera-t-il au rendez-vous? » De sondages récents sur la consommation culturelle apportent de précieux éléments de réponses.

Quand peut-on espérer voir le public réinvestir les salles de spectacle?

Les données colligées par IMPACTS indiquent que les intentions de visiter un organisme culturel dans les trois prochains mois sont en hausse aux États-Unis. Cependant, cette demande latente sera distribuée différemment comparativement aux niveaux d’avant la pandémie. D’une part, les activités culturelles qui laissent aux visiteurs une certaine liberté de mouvement, en particulier celles se déroulant à l’extérieur, pourraient connaître un accroissement de la demande lorsqu’elles reprendront. Cette catégorie d’activités inclut les lieux historiques, les parcs, les zoos et les jardins botaniques. D’autre part, les activités tenues dans des espaces clos et qui restreignent la liberté de mouvement des participants – comme les spectacles – pourraient trouver leurs clientèles plus prudentes ou frileuses qu’avant la pandémie.

Des constats similaires ont été observés auprès des Québécois dans le Baromètre divertissement, un sondage de Halo en partenariat avec Lepointdevente.com. La reprise des différentes activités de divertissement suivra le niveau d’inquiétude que les consommateurs associent à chacune. Les répondants se sont dits particulièrement inquiets à la perspective d’assister à un festival, à une comédie musicale ou à un concert. Ainsi, même si ces activités leurs manquent grandement, ils pourraient attendre cinq à six mois avant de se sentir à l’aise d’y retourner.

D’autre sondages offrent des résultats plus nuancés – et rassurants – sur le retour graduel aux activités culturelles.

Un empressement variable

Le sondage Léger 360, commandé par iCible et RIDEAU, porte sur l’ensemble de la population québécoise et il présente un détail des intentions de fréquentation dans le temps. 30 % des répondants ont déclaré qu’ils recommenceront à acheter des billets en quelques semaines seulement lorsque l’interdiction de la tenue de spectacles sera levée. 21 % estiment qu’ils recommenceront après « quelques mois ». Enfin, 40 % attendrons « plusieurs mois » avant d’acheter à nouveau des billets.

En ce qui concerne les grands rassemblements et les festivals, selon sondage d’Enigma Research, près de la moitié des acheteurs de billets aux États-Unis et au Canada pourraient y retourner après seulement une ou deux semaines de la levée des interdictions. Les autres répondants seront plus prudents. 20 % déclarent qu’ils attendront plus de trois mois.

Le niveau d’empressement (ou de frilosité) dont feront preuve les consommateurs dépendra de plusieurs facteurs. Certains, comme l’âge, seront hors du contrôle des organisateurs d’événements. Les Baby-boomers seraient en moyenne 1,4 fois plus inquiets que les autres générations à l’idée de reprendre une consommation de divertissement, selon le Baromètre divertissement.

En contrepartie, les mesures d’atténuation des risques de contagion pourraient grandement rassurer les spectateurs. Et les convaincre de reprendre le plus rapidement possible ce rendez-vous où ils n’ont pu venir.

Nous aborderons les mesures d’atténuation des risques dans notre prochain billet.


Sources :

IMPACTS Research & Development et des partenaires, tel que cité par Colleen Dilenschneider dans “Meeting Visitor Needs: What Will Make People Feel Safe by Age & Income”, 6 mai 2020

Léger 360, Comportement des québécois à la reprise des spectacles et autres activités culturelles, 30 avril 2020.

Habo, Baromètre divertissement : L’attitude des Québécois par rapport au divertissement en temps de COVID-19, 29 avril 2020.

Enigma Research, 2020 Return to Live Events Survey, avril 2020.


La pandémie de COVID-19 apporte son lot quotidien de perturbations et de  réponses des gouvernements. Diffuseurs, agents et artistes tâchent tous  de s’y retrouver et de s’adapter à une nouvelle réalité que nous  peinons à saisir, tant elle évolue rapidement. C’est pourquoi CAPACOA, avec la collaboration d’Ontario Presents, a  entrepris de documenter l’état changeant de la situation, telle que vous nous la rapportez lors de nos rassemblement en ligne. Nous publierons  ainsi sur une base hebdomadaire les chroniques d’une pandémie dans les  arts de la scène.

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Written by Frédéric Julien
Frédéric Julien dirige les activités de recherche et développement l’Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA) depuis 2010. À ce titre il a dirigé ou publié des recherches sur des sujets tels « L’importance de la diffusion », « Signes vitaux : Arts et appartenance » et « La numérisation des arts du spectacle », ainsi que plusieurs analyses de données statistiques. Frédéric dirige en outre l'initiative Un avenir numérique lié, qui favorise la découvrabilité des arts de la scène.

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