Afin de fournir un portrait détaillé des pertes d’emploi dans le vaste secteur des arts, de la culture et du patrimoine pendant la crise de la COVID-19, CAPACOA publie une première série de tableaux personnalisés sur l’emploi.
Dans les billets précédents, nous avons souligné à quel point il est important d’avoir des données désagrégées afin de rendre compte des pertes d’emploi dans les sous-secteurs les plus perturbés par l’application des mesures sanitaires. À la suite de discussions avec Statistique Canada, nous avons pu obtenir l’accès à des données détaillées pour tous les secteurs et sous-secteurs des arts, de la culture et du patrimoine.
Ces statistiques proviennent de l’Enquête sur la population active, une enquête mensuelle menée auprès d’environ 56 000 ménages. Cette enquête recueille des informations tant sur les travailleurs salariés – à temps plein, temps partiel ou occasionnels – que sur les travailleurs autonomes.
Principaux constats pour le mois de juin 2020
- Le secteur de l’information et des industries culturelles [51] avait 2,5 % plus d’emplois en juin 2020 qu’en juin 2019. Le secteur des arts, des spectacles et des loisirs [71] avait 31,4 % moins d’emplois pendant ces mêmes périodes. Cette différence prononcée démontre pourquoi il est nécessaire de rendre publiques des données désagrégées.
- Les sous-secteurs dont les revenus dépendent de recettes de billetterie ont perdu davantage d’emplois que les autres. Parmi ces sous-secteurs, on retrouve les « compagnies d’arts d’interprétation » [7111] ainsi que les « Promoteurs (diffuseurs) d’événements artistiques et sportifs et d’événements similaires » [7113].
- Les compagnies d’arts d’interprétation [7111] et les promoteurs (diffuseurs) d’événements artistiques et sportifs et d’événements similaires [7113] avaient la moitié moins d’emplois qu’avant la COVID. Les pertes combinées de ces deux sous-secteurs totalisaient 22 000 emplois en juin 2020 comparativement à juin 2019. Ces sous-secteurs ont continué d’accuser de nouvelles pertes d’emploi en juin alors que la plupart des sous-secteurs observaient des rebonds.
- Ces deux sous-secteurs ont de surcroît connu les chutes les plus marquées du nombre total d’heures travaillées. Cela veut dire que les personnes toujours à l’emploi y ont travaillé moins d’heures qu’avant la COVID.
- Les heures effectivement travaillées avaient diminué de 52,2 % dans le secteur des arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes [711] en juin 2020 comparativement à juin 2019. Le secteur du divertissement, loisirs, jeux de hasard et loteries [713] présentait lui aussi une baisse du même ordre (-45,8 %).
- Les compagnies d’arts d’interprétation [7111] ont affiché la baisse la plus prononcée du nombre d’heures travaillées : -73,5 % (du moins parmi les secteurs où les données atteignaient les seuils de fiabilité – sinon, le secteur des parcs d’attractions et salles de jeux électroniques serait au sommet de ce triste palmarès).
- Les artistes, auteurs et interprètes indépendants [7115], un sous-secteur qui comporte un grand nombre de travailleurs autonomes, rapportait 35,9 % moins d’heures travaillées en juin 2020 qu’à la même période en 2019.
Tableau 1 – Estimations de l’emploi (x 1 000), selon certaines industries, Canada, données non désaisonnalisées
| Industrie (avec classification SCIAN) | Emploi, juin 2020 (x 1 000) | Juin 2020 c. juin 2019 (variation en %) | Juin 2020 c. juin 2019 (variation x 1 000) |
|---|---|---|---|
| Total, toutes les industries | 17 777,8 | -8,3 % | -1 615,1 |
| 51, 71 Information, culture et loisirs 1 | 678,2 | -17,5 % | -143,9 |
| 51 Information et industries culturelles | 344,5 | 2,5 % | 8,5 |
| 71 Arts, spectacles et loisirs | 333,7 | -31,4 % | -152,4 |
| 711 Arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes | 114,4 | -23,4 % | -34,9 |
| 7111 Compagnies d’arts d’interprétation | 19,3 | -44,1 % | -15,2 |
| 7112 Sports-spectacles | 9,1 | -60,3 % | -13,8 |
| 7113 Promoteurs (diffuseurs) d’événements artistiques et sportifs et d’événements similaires 2 | 5,5 | -56,7 % | -7,2 |
| 7114 Agents et représentants d’artistes, d’athlètes et d’autres personnalités publiques 3 | x | x | x |
| 7115 Artistes, auteurs et interprètes indépendants | 74,3 | -1,1 % | -0,8 |
| 712 Établissements du patrimoine | 33,9 | -21,5 % | -9,3 |
| 713 Divertissement, loisirs, jeux de hasard et loteries | 185,5 | -36,8 % | -108 |
Notes
- Cette séries de données regroupe deux classifications d’industries distinctes. Statistique Canada effectue cette agrégation afin d’assurer une fiabilité des données même à une petite échelle géographique. Cette série agrégée est incluse dans le tableau afin de faciliter la comparaison avec les tableaux de données publiés par Statistique Canada.
- L’échantillon pour cette série est limité et la fiabilité des données est généralement acceptable. Cependant, pour le mois de juin 2020, le coefficient de variation est sous le seuil de la fiabilité. Ces données doivent donc être utilisées avec prudence.
- L’échantillon pour cette série est très petit. Les données ne sont pas fiables et ne peuvent être publiées.
Tableau 2 – Total des heures effectivement travaillées (x 1 000), selon certaines industries, Canada, données non désaisonnalisées
| Industrie (avec classification SCIAN) | Heures travaillées, juin 2020 (x 1 000) | Juin 2020 c. juin 2019 (variation en %) |
|---|---|---|
| Total, toutes les industries | 561271,8 | -14,6 % |
| 51, 71 Information, culture et loisirs 1 | 18718,7 | -26,3 % |
| 51 Information et industries culturelles | 11259,3 | -5,0 % |
| 71 Arts, spectacles et loisirs | 7459,4 | -45,0 % |
| 711 Arts d’interprétation, sports-spectacles et activités connexes | 2079,6 | -52,2 % |
| 7111 Compagnies d’arts d’interprétation 2 | 298,8 | -73,5 % |
| 7112 Sports-spectacles 2 | 296,1 | -61,3 % |
| 7113 Promoteurs (diffuseurs) d’événements artistiques et sportifs et d’événements similaires 3 | x | x |
| 7114 Agents et représentants d’artistes, d’athlètes et d’autres personnalités publiques 3 | x | x |
| 7115 Artistes, auteurs et interprètes indépendants | 1234,4 | -35,9 % |
| 712 Établissements du patrimoine | 1128,2 | -17,6 % |
| 713 Divertissement, loisirs, jeux de hasard et loteries | 4251,5 | -45,8 % |
Notes
- Cette séries de données regroupe deux classifications d’industries distinctes. Statistique Canada effectue cette agrégation afin d’assurer une fiabilité des données même à une petite échelle géographique. Cette série agrégée est incluse dans le tableau afin de faciliter la comparaison avec les tableaux de données publiés par Statistique Canada.
- L’échantillon pour cette série est petit, mais les données ont un niveau de fiabilité acceptable.
- L’échantillon pour cette série est très petit. Les données ne sont pas fiables et ne peuvent être publiées.
Compléments d’information
- Par « emploi » on entend les personnes salariées (temps plein, partiel ou occasionnel) et les travailleurs autonomes qui ont travaillé pendant la période de référence, peu importe le nombre d’heures. Cela explique que certain sous-secteurs comportant une large proportion de travailleurs autonomes, notamment les artistes indépendants, n’affichent pas une baisse d’emploi significatives : tout pigiste, du moment qu’il travaille quelques heures, est considéré à l’emploi.
- Le « total des heures effectivement travaillées » est un bon indicateur des effets de la COVID sur les travailleurs car il rend compte à la fois du nombre de travailleurs et du nombre d’heure qu’ils ont travaillé. C’est donc un indicateur particulièrement pertinent dans les sous-secteurs qui comportent beaucoup de travailleur pigistes ou occasionnels.
- Ces statistiques n’ont pas été ajustées pour tenir compte des variations saisonnières (alors que Statistique Canada tend à privilégier les données désaisonnalisées dans ses tableaux). Plusieurs secteurs des arts et de la culture sont sujet à des variations saisonnières importantes. Afin d’avoir obtenir une estimation juste de la fluctuation de l’emploi comparativement aux niveaux d’avant la COVID, il est nécessaire de se référer à la même période en 2019 plutôt qu’en février 2020.
Préparé par : Frédéric Julien, directeur, recherche et développement
