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Les diffuseurs de spectacles et la subvention salariale d’urgence

Revenus des diffuseurs selon les sources: Revenus gagnés, 53 %

La subvention salariale d’urgence du Canada offrira très bientôt un appui financier aux organismes dont les revenus ont chuté de 30 % en raison de la pandémie. Ce programme constitue une bouée de sauvetage attendue pour bien des organismes. Cependant, plusieurs devront continuer de se dépatouiller seuls.

Selon le sondage sur L’envergure et les retombées de la diffusion, les revenus autonomes comptent pour 53 % des revenus totaux des organismes de diffusion : 28 % sont des revenus de billetterie; 25 % sont d’autres revenus gagnés (location, bar, stationnement, etc.). Le ratio de revenus autonomes est plus bas chez les petits diffuseurs (revenus totaux de moins de 200 000 $). Ceux génèrent 32 % de revenus de billetterie et 7 % d’autres revenus.

Selon ces statistiques, il semblerait que la plupart des organismes de diffusion seront admissible à la subvention salariale d’urgence du Canada. Cependant, le propre d’une moyenne est de gommer les différence et de masquer les cas particulier qui se situent au-delà de l’écart-type. Se pourrait-il que certains diffuseurs ne satisfassent pas aux exigences du programme?

CAPACOA abordé cette question lors d’un rassemblement (en ligne) de diffuseurs, le 7 avril. À notre surprise de nombreux diffuseurs nous ont signifié leur crainte de ne pas qualifier au programme.

Forms response chart. Question title: Do you anticipate that your organization will meet the eligibility criteria for the 75% Canada Emergency Wage Subsidy? (See details here: https://www.canada.ca/en/department-finance/economic-response-plan/wage-subsidy.html). Number of responses: 28 responses.

Nous avons communiqué cette rétroaction au gouvernement, puis, le 8 avril, le premier ministre a annoncé des changements au programme :

  • Les entreprises/organismes peuvent utiliser les mois de janvier et février comme points de référence pour la baisse de leurs revenus ;
  • Pour le mois de mars, ils doivent démontrer une baisse des recettes de 15 % au lieu de 30 % ;
  • Les organisations à but non lucratif et les organisations caritatives ont la possibilité d’inclure ou d’exclure le financement public dans leur perte de revenus.

Ces changements répondent assurément aux préoccupations de nombreux organismes artistiques. Mais est-ce que ce sont les changements dont avaient besoin les organismes de diffusion? Nous avons fait exploré à nouveau cette question avec nos membres lors d’un rassemblement le 14 avril. Selon leurs réponses, la proportion d’organismes admissibles a légèrement augmenté. Cependant, une majorité de diffuseurs estimait toujours ne pas être admissible.

Forms response chart. Question title: Does the current wage subsidy structure work for your organization?. Number of responses: 37 responses.

Dix-neuf répondants nous ont dit être inadmissibles. De ceux-ci, huit étaient des diffuseurs municipaux et cinq étaient des festivals.

Ce ne sont que des sondages sur le vif. Une collecte de données plus rigoureuse comme celle du sondage sur l’envergure brosserait sans doute un portrait plus nuancé de la situation. Néanmoins, au-delà des statistiques, plusieurs diffuseurs ont rapporté de vive voix ne pas voir, pour l’instant, comment le Plan d’intervention économique du Canada leur permettra de passer au travers de la crise.

Tout d’abord, de nombreux travailleurs, comme les placiers ou les techniciens, sont des contractuels ou des employés à temps partiel déjà licenciés. Ces travailleurs pourront sans doute se tourner vers la Prestation canadienne d’urgence. Toutefois, les organismes de diffusion craignent de perdre le lien avec eux et qu’ils ne soient plus disponibles au terme de la crise.

Ensuite, il y a les festivals, qui annoncent l’un après l’autre leur annulation. La plupart de ces festivals ne seront pas admissibles à la subvention salariale. Puisqu’ils tirent l’essentiel de leur recettes pendant la tenue même de l’événement, les festivals ne seront pas en mesure de démontrer une perte de revenus de 30 % comparativement à janvier-février 2020 ou à mars-avril 2019. « Il y a un trou dans le programme, » rapportait une organisatrice de festival. Même un fois l’événement annulé, ces festivals doivent pourtant maintenir du personnel en place pour contacter les fournisseurs d’équipements et les artistes et prendre les arrangements nécessaires.

Enfin, il y a toutes ces salles de spectacles opérées par des municipalités, des universités et d’autres ordres de gouvernements. Ces organismes de diffusion ne sont pas admissibles à la subvention salariale en raison de leur statut juridique. Pourtant, ils sont des acteurs incontournables de l’écosystème des arts de la scène.


La pandémie de COVID-19 apporte son lot quotidien de perturbations et de réponses des gouvernements. Diffuseurs, agents et artistes tâchent tous de s’y retrouver et de s’adapter à une nouvelle réalité que nous peinons à saisir, tant elle évolue rapidement. C’est pourquoi CAPACOA a entrepris de documenter l’état changeant de la situation, telle que vous nous la rapportez lors de nos rassemblement en ligne. Nous publierons ainsi sur une base hebdomadaires les chroniques d’une pandémie dans les arts de la scène.

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