21 janvier 2019 – Ah, l’hiver ! Il serait sans doute synonyme d’hibernation pour de nombreux Canadiens si ce n’était pas de l’apport exceptionnel des arts et de la culture en général durant la saison froide. À quelques jours de l’ouverture de nombreux événements partout, dont Igloofest à Montréal, PuSh à Vancouver et Contact ontarois, pour ne nommer que ceux-là, et alors qu’en salle (et au chaud !) se succèdent les spectacles en tous genres au rythme de 3500 par semaine, les associations signataires souhaitent faire valoir l’importance des diffuseurs en arts de la scène et réitérer l’urgence de mieux soutenir ces derniers.
Qu’ils soient pluridisciplinaires ou spécialisés, qu’ils se présentent sous la forme de festivals ou de programmateurs en salle, les diffuseurs de spectacles constituent d’importants joueurs dans l’écosystème culturel. Ce sont eux qui mettent en place, en collaboration avec les créateurs et les producteurs, des programmations séduisantes.
C’est d’ailleurs en vertu de leur rôle culturel fondamental qu’ils sont environ 600 diffuseurs à être soutenus par le gouvernement canadien, principalement par le Fonds du Canada pour la présentation des arts (FCPA), un indispensable outil sans lequel plusieurs d’entre eux ne pourraient survivre.
S’ils sont souvent fragiles ou dans des situations budgétaires précaires, les diffuseurs n’en demeurent pas moins d’importants créateurs de richesse, générant des dépenses en billetterie et dans une pléthore d’autres secteurs. Autour d’eux, dans des centaines de communautés au pays, s’établissent restaurateurs et hôteliers, par exemple, qui profitent des dépenses de visiteurs locaux, comme des touristes internationaux qui laissent ici de l’argent « neuf », tel que cela a maintes fois été démontré.
Au cours du mandat qui s’achève, le gouvernement du Canada a très bien compris l’importance des arts et de la culture en doublant le budget du Conseil des arts du Canada. Il a également résolument favorisé le rayonnement à l’étranger, en mettant de l’avant sa Stratégie d’exportation créative. Tout le milieu culturel lui en est reconnaissant. Cela dit, dans la chaine du spectacle – qui inclut la création, la production et la diffusion domestique – le dernier maillon a pour l’instant été oublié et demeure, malheureusement à ce jour, le plus faible.
C’est qu’on estime que le FCPA, doté annuellement d’environ 30 M$, affiche une baisse de plus de 13 % par rapport à son niveau initial de 2003-2004. Curieusement, aucune augmentation — ou même indexation — n’a été faite depuis plus de 10 ans à cette enveloppe, alors que le nombre de diffuseurs a crû de façon importante.
En prévision du prochain budget, les associations signataires ont multiplié les représentations, notamment auprès du ministre du Patrimoine canadien, Pablo Rodriguez, et du ministre des Finances, Bill Morneau. Dans leurs campagnes respectives, où elles ont mis de l’avant des demandes qui leur sont propres, elles ont fait front commun sur une demande : comme cela a été fait au Conseil des arts du Canada, selon elles il faut aujourd’hui doubler le budget du FCPA.
Au-delà de leurs membrariats, les associations signataires ont d’ailleurs recueilli des appuis significatifs, à commencer par celui du Comité permanent des Finances de la Chambre des communes qui, dans son rapport sur les consultations prébudgétaires, invite notamment le gouvernement à augmenter le financement du FCPA « afin d’avoir un marché intérieur vigoureux qui servira de rampe de lancement sur les marchés étrangers pour les productions canadiennes d’arts du spectacle ». À ce groupe de députés s’en est joint un autre, formé de plus d’une douzaine d’élus qui ont à titre individuel soutenu la demande, tout comme l’ont aussi fait des maires, de même que diverses associations partenaires. Tous ensemble, nous invitons le gouvernement du Canada à profiter de l’occasion qu’offre le prochain budget pour reconnaître l’importance des diffuseurs en arts de la scène et à les soutenir adéquatement, afin qu’à travers eux les publics puissent continuer de rencontrer les créateurs et assurer la vitalité du secteur culturel partout au pays.
La lettre est signée par un collectif :
Martin Roy, directeur général, Festivals et Événements Majeurs Canada (FAME) et Regroupement des événements majeurs internationaux (RÉMI)
Frédéric Julien et Kate Cornell, coprésidents, Coalition canadienne des arts
Marie-Christine Morin, directrice générale, Fédération culturelle canadienne-française
Sue Urquhart, directrice générale, Association canadienne des organismes artistiques (CAPACOA)
Julie-Anne Richard, directrice générale, Association professionnelles des diffuseurs de spectacles (RIDEAU)
Elle a été publiée comme lettre d’opinion dans La Presse Plus, le 17 janvier 2019.
Le Ministre du Patrimoine canadien, l’honorable Pablo Rodriguez, a publié une réplique, aussi dans La Presse Plus, le 21 janvier 2019.
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