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Regard sur… Rhodnie Désir

Rhodnie se tient devant une toile de fond sombre et sourit à la caméra.
Rhodnie Désir, 2022. Mention de source : Liliana Reyes

Bienvenue à Regard sur..., où nous mettons en vedette certains de nos membres extraordinaires !

Ce mois-ci, nous avons le plaisir de mettre en vedette Rhodnie Désir, chorégraphe-documentaliste et fondatrice/directrice artistique de RD Créations. Elle a créé une quinzaine d’œuvres chorégraphiques. Sa pièce phare BOW’T TRAIL Rétrospek et son parcours de mémoire pionnier BOW’T TRAIL lui ont valu deux Prix de la danse de Montréal (2020) : le Prix Envol et le convoité Grand Prix de la danse.

La signature chorégraphique documentaire et afro-contemporaine de Rhodnie Désir s’ancre dans les langages rythmiques Africains et afro-descendants allant de sa terre d’origine (Haïti) au reste des Caraïbes, en passant par l’Afrique centrale et subsaharienne. Performeuse d’une remarquable puissance et d’une intégrité sans compromis, elle surprend par sa grande connectivité à l’humain. Sa démarche, sa parole, ses prestations et ses actions citoyennes uniques lui apportent une forte reconnaissance internationale et la font rayonner à titre de conférencière dans de multiples organismes et universités, de même qu’à l’UNESCO, entre autres.

Nous nous sommes récemment entretenus avec Rhodnie pour en savoir plus sur son travail, ce qui l’inspire et ce qui l’attend.

Chorégraphe-documentaliste

Rhodnie Désir

Pronoms: Elle

Chorégraphe-documentaliste et fondatrice/directrice artistique de RD Créations

Montréal, Québec

Website:

Wikidata ID: Q114868316


Veuillez noter : Cette entrevue a été traduite à partir du texte original anglais, et modifiée pour des raisons de longueur et de clarté.

Parlez-nous un peu de vous et de RD Créations.

RD Créations a été fondée en 2017. Nos pièces sont pour la plupart des pièces qui tentent de décoincer les clins d’œil de la société. Nous nous considérons comme un lien entre le passé, le présent et le futur.

Nos créations sont majoritairement basées sur la méthodologie du documentaire chorégraphique. Cela nous permet d’être en contact direct avec les citoyens et les spécialistes, car nous essayons de creuser un peu plus profondément (plus que de lire dans des livres), en allant directement vers les humains et les territoires eux-mêmes.

Le projet qui nous a vraiment donné une visibilité locale et internationale est BOW’T TRAIL. Ce projet valorise les cultures africaines et afro-descendantes dans les Amériques, et toutes les rythmiques, les jeux de hasard et les danses. Et les liens entre la mémoire et l’histoire. À travers ce voyage, j’ai retracé la mémoire et l’histoire des cultures afro-descendantes, et j’ai recréé la même pièce à plusieurs reprises, en collaborant avec un total de 15 musiciens sur 7 territoires différents, de la Martinique à Haïti en passant par le Brésil, le Mexique, la Nouvelle-Orléans, Halifax et Tiohtià:ke/Montréal.

Rhodnie Désir, 2022, lors de l’annonce officielle d’artiste associée de la Place des Arts de Montréal. Mention de source : Kevin Calixte

Peux-tu nous en dire plus sur ton séjour à tanzmesse en août 2022 (avec le soutien de CAPACOA) ?

Notre participation à la délégation canadienne a été un véritable honneur pour nous. En tant qu’entreprise, cela nous a donné l’occasion de poser nos pieds en Europe pour la première fois. Cela nous a également permis d’entrer en contact direct avec l’équipe de tanzmesse, ainsi qu’avec les différents diffuseurs internationaux qui étaient présents.

Pour RD Créations, l’expérience a été enrichissante, notamment grâce aux liens que nous avons noués avec d’autres artistes et délégués, tous représentant des cultures différentes. Je crois qu’on l’oublie souvent dans ces moments extraordinaires (qui passent si vite) ! Nous présentons nos spectacles et nous calculons le nombre de spectacles qui suivront, nous sommes donc plus en mode commercial. Mais l’essentiel, c’est que nous créons de toutes nouvelles relations pour nos carrières.

Pour tous les projets que vous réalisez dans le cadre de votre travail, y a-t-il quelque chose en particulier qui vous inspire ? Une personne, une chose ou une idée ?

Le chaos m’inspire. Je crée essentiellement parce qu’il y a du chaos. S’il n’y avait pas de chaos, je ne créerais pas. Je crée parce qu’il y a des choses à résoudre, parce que j’ai des questions. C’est ce qui m’inspire vraiment, une question, beaucoup de questions.

En tant qu’artistes, nous faisons notre travail parce que nous voulons, à un moment donné, nous libérer de ces barrières de l’esprit. Mais paradoxalement, nous présentons tous nos œuvres aux mêmes endroits. Nous ne sortons pas vraiment de la « boîte ». Pourtant, à la base, l’art se trouvait directement là où se trouvaient les citoyens. Ils n’avaient pas besoin de le chercher – il était là. Ce que je trouve fascinant dans mon travail, c’est de me demander : quels sont les corps dans lesquels mon corps doit entrer ? Et quels sont ces corps ? L’architecture, la nature, l’environnement, l’espace. Le mot latin pour chorégraphe signifie essentiellement “sculpter l’espace”. Donc, si nous ne sculptons que le théâtre, nous passons à côté d’une grande partie de nos capacités, je pense. C’est ce que je ressens. D’autres se contenteront de travailler principalement dans des théâtres conventionnels, mais il existe tant d’espaces que nous pouvons transformer, que nous pouvons adapter avec d’excellentes conditions et parfois même de meilleures. Mais il s’agit simplement de rencontrer de bonnes personnes, de parler et d’essayer de voir ce qu’est notre rôle en tant qu’artistes.

Pourquoi créons-nous et pourquoi présentons-nous une œuvre ? Cette question est très importante pour moi. C’est une question que je me pose depuis de nombreuses années. Pourquoi est-ce que je vais mettre mon corps sur cette scène ? Si je n’ai pas de raison d’y être, ce n’est pas moi qui devrais y être – peut-être quelqu’un d’autre. Avant d’entrer dans un espace, je me pose donc ces questions.

Par exemple, pour tanzmesse, j’ai fait des recherches sur l’usine dans laquelle nous nous présentions, juste pour savoir où je me trouvais et pour trouver des réponses potentielles. Pourquoi cet espace ? Oui, quelqu’un l’a décidé. Mais à part cela, s’agit-il d’un espace de mémoire ? Quelle est l’histoire de la ville ? Où va mon équipe ? Pas d’un point de vue logistique, mais simplement pour savoir quel impact ma pièce pourrait avoir. Si j’entre dans un théâtre et que je rentre chez moi sans m’être connecté avec les gens, je n’ai pas de souvenir olfactif. Je n’ai même pas de souvenir visuel si je fais cela. Mais lorsque vous faites des recherches sur un espace, vous êtes en mesure d’en savoir un peu plus sur les personnes que vous pourriez rencontrer.

Et c’est ce que j’ai aimée avec tanzmesse. Il ne s’agissait pas seulement d’aller danser sur une piste de danse. Il s’agissait vraiment de se connecter directement avec les gens et d’avoir de multiples rencontres dans différents endroits.

⬆️ Rhodnie Désir, BOW’T TRAIL Rétrospek. Photo : Kevin Calixte

Avez-vous quelque chose à dire à ceux qui souhaiteraient participer à une future mission culturelle menée par CAPACOA ?

Soyez prêts. Soyez prêt, posez des questions et soyez ouvert.

Qu’est-ce qui s’en vient pour toi ?

En ce moment, je suis en train de créer l’une des plus grandes pièces de la compagnie, qui s’appelle Symphonie de cœurs. Elle sera présentée en 2024 avec l’Orchestre Métropolitain. Elle met en scène 60 musiciens reliés à un ensemble de danseurs, le chef d’orchestre Yannick Nézet-Séguin et la compositrice Jorane. Il s’agit d’une collaboration avec l’Office national du film (ONF). C’est une première pour eux de collaborer et de contribuer à une pièce, non seulement financièrement, mais aussi en créant un processus documentaire pour la scène. La pièce est également soutenue par le Fonds national de création du Centre national des Arts. Elle est coproduite par Danse Danse et sera présentée au Centre national des Arts et au LAC – Lugano arte e cultura. Et il y a beaucoup d’autres diffuseurs partenaires extraordinaires. 

La beauté de cette pièce vient du fait que nous collaborons avec deux instituts de cardiologie. J’ai déjà interrogé 22 spécialistes, des neurologues et des électrocardiologues. Je les ai rencontrés. J’ai assisté à deux opérations en direct pour bien comprendre le cœur. En tant que chorégraphe, on parle du corps, mais on ne voit jamais l’intérieur du corps.

La pièce parlera donc des maladies cardiaques, comme un hymne au cœur. Nous aborderons également le sujet de l’amour, pas nécessairement sous l’angle romantique, mais sur les différents visages que nous pouvons voir liés au cœur, et au cœur organique.


C’était un plaisir de bavarder avec toi, Rhodnie ! 💕

Retrouvez nos anciens reportages Regard sur…. ici.

Si vous êtes membre de CAPACOA et vous aimeriez figurer dans Regard sur…, veuillez envoyer un courriel au directeur de la communication à colin.frotten@capacoa.ca pour plus de détails.

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