1 juin 2018 – Il y a quelque mois, tout portait à croire qu’un nouvel Accord de libre-échange nord-américain allait bientôt être conclu et que les obstacles à la circulation des artistes seraient levés. Hier, les annonces de tarifs douaniers par les États-Unis et la riposte canadienne ont renversé la situation. À l’espoir d’une entente succède aujourd’hui la crainte d’une guerre commerciale dévastatrice.
En quoi l’ALÉNA est important pour le milieu du spectacle
Au-delà de la célèbre exemption culturelle, l’ALÉNA comporte aussi un chapitre sur la mobilité des hommes et des femmes d’affaires. Grâce au chapitre 16 de l’ALÉNA, les citoyens du Canada pratiquant certaines professions admissibles peuvent faire une demande d’admission temporaire sous le statut professionnel ALÉNA (TN), afin d’y mener des activités commerciales. À l’heure actuelle, les artistes ne peuvent pas aller travailler aux États-Unis avec ce statut, car ils ne figurent pas dans la liste des professions admissibles.
Nous n’avons pas lésiné les efforts afin de changer cette situation et nous avons réussi quelques avancées importantes.
L’été dernier, CAPACOA a collaboré avec la Coalition canadienne des arts, la Coalition pour la mobilité des artistes et NAPAMA afin d’élaborer un argumentaire étoffé en faveur la mobilité des artistes entre le Canada et les États-Unis. Ce mémoire recommandait l’ajout des artistes de la scène au titre des professions admissibles au statut professionnel ALÉNA (TN) et l’harmonisation de l’ALÉNA avec les règlements canadiens.
L’inclusion des artistes de la scène à la liste des professions admissibles au chapitre 16 changerait complètement la donne pour les artistes canadiens. Au lieu de recourir au dispendieux et pénible processus d’obtention des classifications O et P, les artistes pourraient tout simplement obtenir une classification TN à un point d’entrée, sans tracas et sans frais.
Ces recommandations ont été portées à l’attention des négociateurs canadiens en amont de la renégociation et notre message a été entendu. Lorsque la ministre des affaires étrangères Chrystia Freeland a annoncé les objectifs du Canada pour la renégociation de l’ALÉNA, l’élargissement de la liste des professions admises au chapitre 16 de l’accord figurait parmi la liste de priorités. Notre recommandation prenait le chemin de la table de négociation!
Pendant quelques temps, tout semblait au beau fixe : le gouvernement du Canada se faisait le défenseur de la culture dans le commerce et les négociations semblaient cheminer.
Jusqu’à hier…
En quoi une guerre commerciale nord-américaine peut affecter le secteur du spectacle
La date buttoir pour la conclusion d’un nouvel accord de libre-échange avant la pause des élections de mi-mandat aux États-Unis était aujourd’hui. Au lieu de tenter un rapprochement de dernière, l’administration des États-Unis a fait tout le contraire : elle a annoncé d’importants tarifs douaniers sur l’acier et l’aluminium, provoquant du même coup un riposte d’envergure équivalente de la part du Canada.
La guerre commerciale qui se profile depuis hier expose l’économie nord-américaine à une menace d’une ampleur rare. Même si cette guerre se résolvait rapidement, l’incidence sur l’économie serait tout de même tangible. Si l’on verse dans l’escalade, cet impact sera dramatique.
Toute guerre commerciale entraîne une hausse des prix des biens de consommation. Les premières victimes sont donc les consommateurs mais les dommages ne s’arrêtent pas à eux. Plus les ménages se voient forcés de se serrer la ceinture, plus ils doivent sacrifier certaines dépenses discrétionnaires, comme par exemple les billets de spectacles.
CAPACOA communique actuellement avec ses homologues au nord et au sud de la frontière afin de coordonner une réponse conjointe à cette situation tendue.
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