10 janvier 2018 – par Julie Lebel – L’édition 2017 de la conférence de CAPACOA a été l’occasion d’examiner sous plusieurs angles le thème de La culture de la communauté, et notamment de suivre une séance de perfectionnement professionnel avec quatre experts du domaine. En voici un résumé.
L’atelier Main dans la main : médiation culturelle et pratiques axées sur la communauté a été élaboré conjointement par Karine Lavoie (Cirque Hors Piste), Annalee Adair (experte-conseil en médiation culturelle), Seanna Connell (ArtBriges/Toile des Arts) et moi-même (Julie Lebel, Made in BC – Dance on Tour et Foolish Operations), avec le soutien de Frédéric Julien (CAPACOA).
Nous avions pour objectif d’entamer une conversation sur une gamme d’activités de médiation culturelle en faisant appel à des récits et à des modèles de réussite, et ce au moyen d’exposés en bonne et due forme, d’échanges et d’exercices pratiques.
Karine a ouvert la séance par un court exercice de réchauffement corporel pour démontrer comment, par la danse, nous pouvons passer, dans nos attitudes et comportements, du Je au Toi, au Nous agent, enfin au Nous collectif. Cette idée a été formulée par de talentueux éducateurs en danse et des instructeurs terrain du Luna Dance Institute dans le cadre de son programme MPACT (Moving Parents and Children Together).
Seanna a présenté un aperçu du projet Toile des arts, ressource formidable où sont répertoriées des initiatives de partout au Canada, et notamment en ce qui concerne Full Circle: First Nations Performance, Red Sky Performance et le Alianait Arts Festival.
Annalee a partagé ses connaissances de la version 3.0 : la médiation culturelle et a parlé de l’échelle de médiation qui fait passer le participant de l’étape de la sensibilisation à celle de la participation, puis à celle de la mobilisation et de l’habilitation. Annalee a suscité la réflexion sur la question de la définition de l’excellence dans le contexte des arts et de la médiation culturelle. Il s’agissait en l’occurrence d’examiner comment l’excellence technique et expressive (dans la tradition culturelle de chacun) peut souvent interrompre la conversation sur les liens avec les communautés. Pour un examen de fond sur le sujet, veuillez consulter cet article de Doug Borwick ou le billet intéressant de Nina Simon, directrice générale du Santa Cruz Museum of Art & History et auteur de The Participatory Museum et de The Art of Relevance.
Karine et moi-même avons dirigé deux exercices pour concilier corps et intellect, créativité et communauté. J’ai choisi un exercice de mon mentor Karen Jamieson. La danse des mains s’emploie dans le cadre de sa pratique du corps d’énergie mise au point au centre communautaire Carnegie dans le quartier Downtown East Side de Vancouver. Karine a présenté une danse de groupe avec bâtons, qui fait appel aux qualités de coordination et de coopération des participants.
Puis, dans le cadre d’exposés et de discussions officiels, j’ai d’abord parlé du modèle d’animation en médiation cuturelle de Made in BC qui s’inspire de La danse sur les routes du Québec et de son programme d’agents de développement culturel. Le modèle de Made in BC vise la mobilisation d’artistes locaux qui sont en relation étroite avec leurs communautés et donc susceptibles de mettre sur pied des programmes qui interpellent leurs communautés.
Karine a présenté le mouvement du cirque social. Ce mouvement fait intervenir les arts du cirque pour favoriser l’inclusion sociale des personnes marginalisées. Elle a parlé des quatre leçons qu’elle a tirées de son expérience avec Cirque Hors Piste :
- Éviter de réinventer la roue. S’associer à des praticiens ou à des organismes qui sont déjà des experts (sociaux) au sein de la communauté.
- Il faut du temps pour implanter un changement. Savoir qu’on s’engage à long terme.
- Planifier la démarche avec les participants et l’adapter en conséquence : il faut qu’ils se l’approprient.
- Prévoir un protocole de projet spécifique à chaque but recherché : rayonnement, atelier structuré, activités d’une durée d’un mois.
Ensuite, Annalee a présenté un aperçu du site Web de ArtsEngage Canada, ressource nouvelle et importante pour découvrir des projets, des pratiques et des outils avancés.
Enfin, j’ai eu le privilège de conclure la séance et d’inviter les participants à observer une nouvelle tendance dans le domaine de la médiation culturelle : le modèle du recours à des ressources externes… Les artistes développant l’excellence dans leur pratique de médiation, certains proposent maintenant des projets de tournées clés en main qui prévoient la visite d’autres communautés pendant quelques jours, une semaine ou même plus. Bien que ce modèle soit limité pour le long terme, il peut néanmoins créer un certain dynamisque dans la communauté pour une pratique, un thème ou un enjeu donné, et favoriser d’éventuelles contributions locales. Les diffuseurs ont donc été invités à surveiller les projets de médiation culturelle de la même façon qu’ils le font pour les spectacles.
Quel plaisir d’avoir pu collaborer à cette séance et faire mieux connaître nos pratiques à un grand nombre de participants dans une salle à guichets fermés. Nous espérons que les délégués y ont trouvé leur compte et ont pu y puiser des idées pour trouver les activités de mobilisation culturelle qui conviennent le mieux à leur situation.
Julie Lebel
Gestionnaire, programmes de danse axée sur la communauté
Made in BC – Dance-on-Tour
Références
Actes de la conférence, incluant les présentations de cet atelier
Carte de l’art communautaire de Toile des arts
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